La veille au soir, nous avons testé le train de nuit reliant Udaipur à Jaipur. Ce ne fut point de tout repos. Tout d’abord, jusqu’à présent, nous restions assez protégés de la pauvreté. Or dans les gares, ce n’est plus la même chose. Il y a énormément de gens sans abris qui y dorment, ainsi qu’un grand nombre de mendiants, essentiellement des enfants ou des mères avec des bébés dans les bras, mais aussi des handicapés et des estropiés. Après, il faut juste savoir gérer ce genre de choses, ayant été en Afrique du Sud plus jeune, cela été plus facile pour moi que pour Christophe.

 

 

Une fois dans le train, je craignais de ne jamais réussir à dormir, tant tout ce que j’avais lu sur les vols dans le réseau ferroviaire indien m’inquiétait. Et encore heureusement que nous n’avions pas à gérer nos valises qui nous sont parvenu le lendemain matin conduites par notre chauffeur qui avait dû rouler toute le nuit pour nous les apporter. Néanmoins, j’ai fini par m’endormir dans ma couchette bercée par le roulis du train. Malheureusement, ma nuit fut de courte durée, car une des personnes de notre groupe et qui dormait dans une des couchettes voisines de la mienne a eu une grave crise de panique durant le voyage. Je ne vais pas épiloguer là-dessus, car cela ne serait d’aucune utilité et que de toute façon, cela s’est finalement bien terminé.

 

Une fois arrivés, nous sommes allés déposer nos valises à l’hôtel, pris un solide petit déjeuner et nous sommes partis à la découverte de Jaipur.

 

 

Jaipur tire son nom de son fondateur Jai Singh II qui la fait construire en 1727. Les travaux principaux — palais principaux, avenues et square central — dureront quatre ans. Située au pied des monts Ârâvalli, elle suit un plan en damier trois par trois et est entourée d’une muraille de 6 m de hauteur et de 4 m de large. L’entrée de la ville se fait par l’intermédiaire de huit portes.

À l’origine, la ville n’était pas du rose uniforme qu’on lui connaît actuellement, mais offrait une large palette, principalement du gris avec des rehauts de blanc. Cependant, en prévision de la visite du Prince Albert, un grand ami du Maharadja de l’époque en 1876, elle fut peinte en rose dans sa totalité, le rose étant une couleur traditionnelle de bienvenue. Depuis, elle conserve cet usage et est surnommée la ville rose.

C’est la ville des éléphants qui est un porte-bonheur. On en trouve 150 dans la cité, mais ils sont exploités essentiellement pour les touristes la journée et pour les mariages en soirées.

 

Pour la petite histoire trop Choupichaton, le dernier Maharadja n’avait qu’une fille Diya Kumari, mais celle-ci s’est enfuie avec le chauffeur dont elle était tombée amoureuse (ça ne vous rappelle pas une de mes séries anglaises préférées ? ^^). Le père l’a renié, mais lui a pardonné lorsqu’elle a accouché d’un petit garçon qui est maintenant l’héritier.

Diya Kumari est aussi une femme politique membre de l’Assemblée législative du Rajasthan. Elle était la petite-fille de la très célèbre Gayatri Devi, considérée comme la plus femme d’Inde à son époque. Gayatri a fait aussi un mariage d’amour, car à douze ans, elle est tombée amoureuse du futur Maharadja Man Singh II de Jaipur, malgré l’opposition de ses parents (il a déjà 2 épouses), qui ont fini par accepter la situation. Elle est aussi entrée en politique, mais a fini par devoir y renoncer à cause d’Indira Gandhi qui a tout fait pour se débarrasser d’elle. Ses mémoires ont été publiés un peu partout dans le monde : Une princesse se souvient - Les mémoires de la maharani de Jaipur.

 

Une fois arrivés à Jaipur, nous avons fait une halte pour prendre des photos du Palais des Vents. J’ai bien fait de ne pas descendre, car nous étions attendus :

 

 

Le palais des vents (Hawa Mahal) est un bâtiment construit au XVIIIe siècle. Il est considéré comme l'une des merveilles de l'architecture rajput.

Construit en grès rouge et rose, le palais se trouve en bordure du City Palace de Jaipur et s'étend jusqu'au harem royal. En fait, c’est plus une façade, puisque l'édifice n'a quasiment pas d'épaisseur. Il fut construit de telle sorte que le vent puisse y circuler. Le Hawal Mahal permettait aux femmes du harem d'observer la rue sans être vues. La façade présente d'innombrables niches, alvéoles et fenêtres en saillie.

 

 

Puis, nous avons poursuivi notre route jusqu’au fort d’Amber.

 

Situé à 11 kilomètres au Nord de la ville, Amber était l’ancienne capitale de l’État de Jaipur. Sa construction commença en 1592, sous la houlette du Marahaja Man Singh, commandant de l’armée d’Akbar. Il fut étendu plus tard par Jai Singh avant qu’il ne se lance dans la construction de Jaipur.

 

Le fort fait partie de la chaîne de collines des Aravalli avec deux autres forteresses, situé sur la Cheel ka Teela (Colline des Aigles). Les forts d'Amber, de Jaigarh (au Nord) et de Nahargarh (au Sud) sont considérés comme un seul complexe, car reliés par un réseau étendu de murailles et d'ouvrages fortifiés. En cas de menace, un passage souterrain a été prévu pour permettre aux membres de la famille royale de passer du fort d'Amber au Fort Jaigarh, bien plus redoutable et qui contient même une fonderie de canon.

 

 

 

Le fort d’Amber est classé au patrimoine de l’Unesco depuis 2013.

 

 

 

La montée au fort s’est faite à dos d’éléphants qui n’ont pas l’air au mieux de leur forme et à qui on a coupé leurs défenses pour s’assurer de leur docilité.

Il faut faire la queue pour pouvoir monter dessus, temps pendant lequel les vendeurs locaux ou les Loustics selon notre guide nous harcèlent.

 

 

 

 

L'entrée principale fait face au Sud-Est, vers le soleil levant. Elle ouvre sur la plus grande cour appelée Jaleb (ou Jalebi) Chowk, une expression arabe qui signifie à peu près là où les soldats se rassemblent. Cette esplanade rectangulaire, située au Nord était la place d'armes où les troupes célébraient leurs victoires au retour des batailles par des défilés devant la famille royale, les femmes de la Cour n'ayant le droit de regarder qu'à travers des fenêtres grillagées. C'est par cette porte que pénétraient les escortes royales et les cortèges des dignitaires. C'est l'une des quatre cours du Palais d'Amber construite au cours du règne de Sawai Jai Singh.

La garde personnelle du maharadja défilait ici, sous les ordres du commandant de l'armée ou Fauj Bakshi, inspectée par le Maharaja en personne. Les écuries sont adjacentes à la place d'armes sur le côté Nord. Au-dessus se trouvent les casernements des gardes.

 

 

 

Un mur d'enceinte entoure la ville, compte tenu du relief assez accidenté ce mur a un air de "muraille de Chine" ... en plus petit, mais il a quand même une longueur de 9 km.

 

 

Vue sur les jardins, à la base ça devait être un jardin de safran, mais cela n’a jamais poussé :

 

 

 

Porte où la Maharani attendait depuis la fenêtre, un pigeon pour avoir des nouvelles de son mari en guerre. Lorsqu’il entrait, elle lui jetait une couronne de fleurs.

 

 

 

La seconde cour est située en haut de l'escalier principal venant de la première cour. Le Diwan-i-Aam ou salle des audiences publiques, est une plate-forme surélevée avec 27 colonnes, dont chacune est surmontée d'un chapiteau en forme d'éléphant, soutenant des galeries. Comme le nom le suggère, le raja en ce lieu entendait les doléances et recevait les pétitions de son peuple.

 

 

 

Derrière ces portes se trouvait une chambre avec un billard :

 

 

 

La porte de Ganesh ("Ganesh Pol"), permet d'accéder aux appartements privés du palais.

 

 

 

 

Une fois la porte de Ganesh franchie, on arrive dans une cour avec un jardin, cette partie est la plus décorée du palais. 

 

 

 

Le Palais des miroirs ou Jai Mandir ou encore Sheesh Mahal, car il est orné de panneaux de verre et de miroirs en incrustation aux murs et aux plafonds. Les miroirs peints, colorés et convexes multipliaient la lueur des chandelles, seul moyen d'éclairage à l'époque. Le Sheesh mahal a été érigé sous le roi Man Singh au xvie siècle et achevé en 1727, l'année de la fondation de l'état de Jaipur. La plupart de ses décors se sont détériorés au cours de la période 1970-80 ce qui a nécessité ensuite un important travail de restauration et de rénovation. Les murs sont en marbre à panneaux sculptés.

 

 

 

Le Sukh Niwas ou Sukh Mahal (Palais de Plaisir). La structure en bois de santal porte des panneaux en marqueterie de marbre ajourés. Un réseau d'adduction d'eau coule à travers un canal à ciel ouvert qui traverse l'édifice, conservant ainsi une relative fraîcheur à ce palais. L'eau du canal coule ensuite dans le jardin.

 

 

 

Intérieur :

Le palais des plaisirs servait aussi de salle d’audience privée

 

 

 

Dans la cour centrale se trouve un pavillon baradari, édifice à colonnes traditionnellement composé de 12 portes, 3 sur chacun de ses 4 côtés; des fresques et des carreaux colorés ornent le sol et les étages supérieurs. Ce pavillon (qui était muni de rideaux pour protéger l'intimité) était le "boudoir" des maharanis. Chaque côté du pavillon fait face à plusieurs petites chambres avec balcon.

 

 

 

Le palais du Zenana des épouses royales, des concubines et des maîtresses. Ce palais est composé de nombreux appartements. Le roi pouvait se rendre chez l'une des femmes sans que les autres le sachent, tous les appartements ouvrant sur un couloir commun. Elles étaient gardées par des eunuques qui les surveillaient depuis les dômes. Les enfants restaient avec leurs mères jusqu’à leur 10 ans, puis les garçons étaient séparés pour pouvoir poursuivre leurs études.

 

 

 

 

Le Jal Mahal qui est le palais d'été des maharajas de Jaipur.

 

 

 

Un des Kadaï dans lequel Jodha jouée par Aishwarya Ray a cuisiné pour son époux Akbar dans le film Jodha Akbar. Plusieurs autres scènes de ce film ont été tournées ici :

 

 

 

 

D’ailleurs puisqu’on en est à parler Bollywood. D’autres films ont été tournés dans ces lieux comme Mughal-E-Azam de Kamuddin Asifou encore la chanson Mohe Rang Do Laal de Bajiao Mastani :

 

 

 

À la suite de notre visite, nous sommes repartis à notre bus, poursuivit par une bande de Loustics qui voulaient à tout prix nous vendre les photos qu’ils avaient pris de nous à dos d’éléphants. J’avoue que c’était très exaspérant. Ils ne nous lâchaient pas, je n’ai jamais vu ça. Le pire, c’est qu’ils sont très physionomistes, car ils ont réussi à nous retrouver à plusieurs endroits de la ville.

 

 

 

Vous trouverez plus de photos à cette adresse :

http://tales-of-india.eklablog.com/arrivee-a-jaipur-apercu-du-palais-des-vents-et-visite-du-fort-amber-gallery204980